… ouais, alors le truc sympa mais usant sur un projet comme Raydium, c’est qu’il faut tout gérer soit même. Raydium est mon premier véritable logiciel libre, les projets précédents (et particulierement Metal Taste, un jeu de caisses en 2D à la Micromachines) n’étaient pas franchement OpenSource.
Et le truc super tuant, c’est que contrairement à ce qu’on s’imagine au début, les contributions d’autres personnes ne pleuvent pas. C’est même le désert.
En fait, le logiciel libre, c’est une grande jungle : la sélection naturelle appliquée au logiciel, en quelque sorte : seuls les gros projets intéressent les contributeurs, et ils deviennent encore plus gros, et ils intéressent encore plus, etc.
Alors ton petit logiciel qui peine à afficher quelques triangles sans ramer, laid dans le code, très laid dans le rendu, et avec 300 concurrents qui sont infiniment plus avancés, tout le monde s’en fout 🙂 Et ça, tu le sait pas, au début.
Quand tu commences à prendre conscience de ça, tu changes de vision : le but n’est plus de séduire (les contributeurs), mais d’avancer. Et là, tu t’occupes de tout : tu analyses, tu planifies, tu codes (beaucoup… vraimment beaucoup), tu t’occupes du graphisme, de la musique, tu codes (encore) le site web, tu cherches des idées pour tester les nouvelles capacités que tu vient de coder, tu inscrit ton projet sur les sites liés au logiciel libre, tu t’acharnes sur les pires bugs (parce que si tu arrive pas à le corriger, ce *$#@ de bug, tu sait que tu as perdu 1 semaine de boulot).
Et c’est seulement après que tu commences à entendre parler de ton logiciel… souvent en mal dans un premier temps ("compile pas", "marche pas", "plante", …), puis comme "quelque chose d’intéressant, mais …" (on est déjà à quelques années après le début du projet, là).
A le lire comme ça, ça doit surement sembler assez terrible, mais c’est au contraire très motivant (même si c’est souvent un peu frustrant sur le coup de lire des choses négative sur un projet dans lequel on bosse tant). La sensation que l’on ressent lorsqu’un site parle pour la première fois de son projet est complétement indescriptible ("rhaaaaa mias ppourquio jez tremmble commme çaa").
Les premières contributions sont arrivées d’un pote, RyLe, en forcant un peu la main ("mais dit moi, tu t’y connait pas mal niveau son, ça t’intéresserait pas de coder la partie son de l’API ?"), puis une grosse partie de CQFD Corp. (notre "groupe" d’amis, pas forcément liés à l’informatique) a été impliquée dans le projet, au travers d’une réunion (extrait du Wiki) :
———
A la suite d’une réunion réunissant près de 30 personnes, en mars 2003, après une démonstration des capacités de Raydium, le groupe a commencé un débat sur le jeu que chacun considèrait comme "idéal", dans le but de déterminer LE jeu qui allait utiliser Raydium (et le faire évoluer en un moteur de jeu, au passage).
Il y’avait ce soir là beaucoup de profils différents de joueurs, et des références telles que Interstate 76, Operation Flashpoint, Hunter, Ultima, Mad Max ont été citées.
Tard dans la nuit, un univers (qui se résume à ces quelques mots: désert, rouille, huile qui pue et engins bruyants) et le début de quelques règles étaient établies, et un nom émergea. (le nom final, c’est MeMak)
———-
Le forum a été ouvert tout de suite après, très dynamique, plein d’inscrits, des idées partout … pendant quelques mois, puis à nouveau, le creux (classique, hein ? :).
S’impliquer dans un projet collaboratif, c’est plus compliqué qu’il n’y parait : il faut du temps, une grosse motivation, et surtout ne pas avoir peur de manquer de compétences (ça vient après, ça).
Déjà rodé à ce genre de déceptions, j’ai alors décidé de laisser aller les choses, sans énervement, sans acidité : j’ai continué à poster sur le forum, et surtout j’ai continué à bosser sur Raydium (le moteur 3D) … MeMak (le jeu qui utilise Raydium) se lancera bien de lui même, me suis-je dit.
Puis petit à petit, des contributeurs (ou même des visiteurs réguliers) ont commencé à apparaître. De son coté, Raydium a vu arriver toujours plus de fonctionnalités (son support réseau et sa physique, par exemple), et les premières démos avec (des minis jeux de voiture, des mini FPS, …), avec des gens volontaires pour tester tout ça, un ensemble de petites contributions (graphiques en particulier, musicales, mais mathématiques aussi 🙂
Voilà l’état actuel des choses : un projet effectif (Raydium), un but final (MeMak), quelques contributeurs, pas mal de ressources, quelques contacts (même un Ancien de chez Cryo, notez les majuscules :), des réunions régulières, des démos qui tournent bien dans les salons et festivals ("Nan maman je veux encore rester jouer un peu !", entendu des dizaines de fois 🙂 , 4 ans de développement, 30 000 lignes de code (pour 600 000 caractères), 1.5 Go de données "fraîches", (ça butte, hein ? 🙂 …
Morale : Si un jour vous souhaitez vous impliquer dans un projet de ce genre, n’hésitez pas une seconde, c’est totalement et immanquablement passionnant.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.